En manque de ... liquidités. Pv Jack

Invité

La jeune femme élégante qui faisait les cent pas devant ce qu’une plaque annonçait être les bureaux de la société Cooper redressa la tête avec un rien de nervosité la tête lorsque 14 heures sonnèrent à sa montre.
Sa cigarette incandescente dont l’extrémité était maintenant maculée d’un rouge à lèvre très rose et aussi très gras atterrit dans le caniveau. Avec un soupir qui exhalait un bien curieux mélange de sentiments, elle se retourna pour prendre la direction de l’entrée du bâtiment.

Ce faisant, Stacy repassait dans sa tête le contenu de la petite annonce qu’elle avait trouvée un peu par hasard au beau milieu d’un journal de L.A., et qui recherchait acteurs et actrices pour tournage, bonne rémunération, physique avenant requis, etc.

On ne pouvait vraiment pas dire que c'était le genre de job d’appoint dont elle aurait pu rêver, surtout après avoir survécu à tout ce qu'elle avait eu l'occasion de vivre dans son gang de bikers.

Tout d’abord parce qu’elle avait déjà eu l’occasion de faire ce genre de chose à deux ou trois reprises et avait gardé un souvenir mitigé de la chose en question, mais surtout parce que … parce que çà ne lui semblait pas coller à l’image qu’elle voulait donner d'elle et qui était plutôt celle d’une honnête propriétaire de galerie d’art.

Bref, et s’il lui était arrivé parfois de fantasmer sur le fait de vivre ou de revivre la situation dans laquelle elle se retrouvait en ce moment même, c’était principalement dans le courrier qu’elle venait de recevoir de la banque et qui ne lui laissait que sept jours pour payer ses dettes avant qu’une partie de sa marchandise ne soit saisie sur décision d’un tribunal commercial qu’il fallait trouver une justification valable à ce qu’elle avait décidé d’accepter aujourd’hui.

Seulement vêtue d’un petit haut en angora qu'elle affectionnait et d’une jupe noire assez courte qui mettait en valeur ses jambes la jeune femme poussa d’un geste décidé la porte métallisée qui la séparait des quelques milliers de dollars qui lui manquaient pour sauver sa galerie d'art.

Parcourant les couloirs de sa société, Jack ne manquait pas de s'accaparer les respectueuses salutations de ses employés dès lors qu'il les croisait. Les secrétaires lui faisaient les yeux doux, les regards de brebis, les nouveaux venus voyaient en lui la clé de leur réussite futur et les vétérans conservaient une part de respect envers cet homme qui avait tiré derrière lui tant d'argent et de préjugé. Peut être était-il à vrai dire l'un des premiers à s'être lancé dans le dangereux jeu de dévoiler ce qui était jusqu'alors masqué, guère chuchoté et encore moins parlé. Sa réputation de gigolo l'avait entouré en même temps que sa célébrité, un drap qu'il appréciait plus ou moins mais qui finalement le rendait indispensable à certaines personnes. Des hommes les plus influents et les plus puissants de Los Angeles, deux noms avaient cours. Cooper et Johnson, le noir et le blanc, chacun avec ses désirs de gloire et même ses désirs tout court.

Le tournage de ses films se portait plutôt bien, il avait une actrice pour sa future grande production mais en parallèle, Jack n'oubliait pas d'alimenter sa cinématographie légère en dévoilant des corps inconnus face à la caméra et pour parfois une seule prise d'une poignée de minutes. Tout était dans la mise en scène, dans les acteurs et actrices, un exercice de style à vrai dire pour faire passer le langage des corps dans un art respectable alors que rien ne l'y conviait à la base. Déambulant vers l'entrée pour s'enquérir des réponses à ses annonces, il aperçut une demoiselle jusque-là inconnue à ses iris et qui de par sa présence, l'intriguait. Les vêtements dont elle s'était paré contribuait à rendre son physique des plus attrayants et comme un homme qui se respecte, il fut charmé par sa beauté. Devançant toute parole de la demoiselle, il s'avança vers elle avec un sourire légèrement dissimulé.

" Bonjour Mademoiselle, vous avez la chance d'être en contact direct avec le gourou de cette marée d'individus qui prépare ce qui choque les bonnes sœurs. Je suis Jack Cooper, noble artisan du commerce cinématographique érotique. Excusez-moi de vous agresser sans crier égard mais ma curiosité est un animal que je n'ai jamais su dompter. Nom, prénom, métier, âge, désirs, passions, toutes les questions naissent et se cognent dans mon esprit tels des passants dans une rue. Prenez-moi pour un fou, cela ne sera pas la première fois et certainement pas la dernière. Ne dites rien encore, j'ai dans l'idée à votre simple regard que vous n'êtes pas ici parce que vous avez perdu votre chemin. Veuillez me suivre je vous prie, si bien sûr je n'éveille pas trop de peur en vous..."

Sur ces mots à la fois séduisants et flirtant avec le registre dantesque, Cooper fit demi-tour et se dirigea jusqu'à son bureau calmement.

"Maggie, que l'on ne me dérange pas jusqu'à nouvel ordre" déclara-t-il tout en passant près d'une secrétaire. Il entra dans une salle et laissa la porte ouverte, se dirigeant derrière son bureau pour mieux s'asseoir dans son siège.

" Je vous en prie, fermez-la porte et installez-vous "

Il ne regarda même pas l'inconnue, tirant de son tiroir des feuilles puis un stylo qu'il ouvrit avec préciosité.

"Bien, exposez-moi tout ce qui vous semble le plus judicieux. Je suis à votre disposition durant les prochaines minutes, démontrez-moi que je n'ai pas tort d'user de mon temps de la sorte..."

Ne faisant même pas attention de glisser des sous-entendus sensuels, Cooper releva son regard pour retrouver celui de la nouvelle venue.

Invité

Marrant ça qu’il se dise gourou, le dernier type que Tracy avait connu et qui s’était mis à jouer les gourous avait fini truffé de plomb et rôti dans un ranch isolé du désert du Nevada, ça amena un fin sourire sur le visage de Tracy qui prit place dans le confortable fauteuil de cuir noir qui faisait face au bureau de Jack.

Elle n’avait pas l’intention de se laisser sauter pour obtenir un rôle, mais croisa quand même assez haut les jambes pour qu’il puisse juger qu’il y avait bien là tout ce dont un businessman comme lui devait avoir besoin.

Jack se comportait en pro, ce qui lui convenait parfaitement d’ailleurs … et savait détendre l’atmosphère, elle lui en sut gré. Il n’avait pas de temps à perdre, elle non plus d’ailleurs et répondit avec une froide précision :

« -Nom Finddle, prénom Stacy, nom de scène : Tracy ; Age : 23 ans.

-Désirs : 10 000 dollars cash pour après demain, ou alors le contrat qui me permettra de les obtenir.

-Passions : l’art, les antiquités, les beaux mecs …

J'ai déjà deux expériences dans « votre » domaine, Mr Cooper, ça remonte à deux ou trois ans de ça : « Filles et Bikers » et « Femmes de bikers en chaleur », donc oui, je suis bisexuelle et je peux baiser sur une moto ou dans un lit avec un garçon ou une fille …

Je n’accepte pas la sodomie ainsi que les scènes de groupe et je n’ai aucune intention de devenir actrice sur le long terme dans votre société …

Je suis plutôt disponible, et je n’attends plus que votre proposition, pour commencer quand il vous plaira …Monsieur.».

Elle avait sorti de son sac un CV minimaliste ainsi que deux photos d’elle qu’elle posa en se penchant sur le bureau de Jack puis se radossa confortablement dans son siège, attendant avec une certaine anxiété sa proposition …

Au fonds d’elle-même, un mélange confus de sentiments conflictuels ne cessaient d’entrer en contradiction, elle avait besoin de ce fric, mais ce job ne l’emballait pas vraiment … avait elle eu raison d’agir ainsi ? et qu’adviendrait il si elle rencontrait un jour l’homme ou la femme idéale ? avait elle donné à Jack des arguments suffisants pour que celui ci se décide à l'embaucher ???

Continuant de l'observer, Jack lui trouva une certaine part d'inédit dans les traits, une beauté ardente que chaque pincement de lèvres accentuait. N'ayant pas passé une matinée des plus réjouissantes, il vit en elle l'espoir d'une journée moins sombre et peut être même plus pétillante de vie que les précédentes. Frottant toujours son stylo sur le papier, il l'entendit débuter sa biographie succinct et en profita ainsi pour noter quelques informations. Ce n'était pas tous les jours qu'il pouvait s'accorder d'engager une nouvelle actrice, à quand bien même celle-ci désirait ne pas être sous le feu des plus grands projecteurs. Restant silencieux, il étudia ce qui lui était proposé, profitant même de l'obtention de deux photos de la demoiselle même s'il avait la chance actuelle de la voir en vrai. N'émettant aucun propos, Jack caressa du bout des doigts le CV de la jeune femme, y notant en effet la présence d'un passage dans un court métrage. Le nom ne lui disait rien mais il pourrait peut être bien remettre la main sur un exemplaire, pour se faire une idée plus concrète de la demoiselle.

" Dix mille dollars, ce n'est pas une mince somme. A en voir votre parcours, ce retour aux films érotiques est étrange mais au vu de l'argent que vous convoitez, nul doute qu'une raison bien préoccupante vous a amené jusqu'ici. Je ne suis pas un bon samaritain, je veux donc bien vous engager mais il vous faudra tourner dans au moins trois courts métrages. "

Il remarqua les cuisses judicieusement placés, un fin soupir s'écoula de ses lèvres. A chaque fois, il côtoyait des demoiselles séduisantes qui cherchaient à attirer l'œil sans pour autant avoir un rancard avec lui. A la longue, cela en devenait épuisant si bien qu'il replaça son attention sur les photos de Stacy.

" Et de plus vous souhaitez avoir l'argent pour après-demain ? Qui me dit qu'une fois avec l'argent, vous ne disparaîtrez pas dans la nature sans laisser d'adresse ? Je vous propose donc un marché, tourner une scène dès maintenant et une seconde demain. De la sorte, votre contrat sera presque totalement rempli et je m'en remettrais à votre parole pour la troisième scène. J'ai un studio qui projette d'insérer une scène tonitruante entre un biker et sa compagne dans un film, comme les deux protagonistes manquent à l'appel pour une raison que l'on ignore encore, voilà que tout est reporté. J'aimerais avoir une vidéo au plus vite alors si vous êtes disponible dès à présent, je vous invite à devenir ma partenaire dans une scène d'une poignée de minutes. Libre à vous de refuser. "

Laissant son regard dans celui de la jeune femme, il chercha à y discerner une simple lueur l'invitant à comprendre que tout cela n'était que comédie pour s'accaparer de l'argent. Bien sûr, un studio était à côté mais Jack n'était même pas sûr que l'équipe y soit encore et il n'avait pas tourné dans sa société depuis bien longtemps. Pour l'heure, il attendit la réponse de Stacy avec une pointe de curiosité.

Invité

« C’est d’accord … »

Prononça t’elle simplement, en évitant de s’attarder sur le côté blessant que pouvaient contenir ses propos et aussi en évitant de manifester une trop grande joie car son acceptation signifiait qu’elle allait sauver sa galerie.
Le fait qu’il ne lui fasse pas confiance, dans le fonds, c’était normal et il fallait s’y attendre.

Elle tendait déjà la main pour s’emparer d’un stylo qui trainait sur son bureau et avec lequel elle signerait sans plus attendre le contrat que lui ou sa secrétaire allait rédiger dans les minutes qui suivaient.

Sa première pensée fut que ce nouvel employeur ne lui semblait pas trop exigeant : Trois epreuves à subir, dont la plus grosse partie serait faite dans les 48h … elle ne put s’empêcher de songer qu’elle avait de la chance.

Sa seconde pensée fut gagner en un si court laps de temps les 10 000 dollars demandés, il allait lui falloir passer maintenant à la casserole. Une chose qui ne l’enthousiasmait pas vraiment, car se laisser toucher par un sale inconnu et le laisser accomplir sur elle toutes sortes de choses dégoutantes ne l’emballait pas vraiment.
Certes elle fantasmait sur ce genre de truc parfois, mais et elle le savait d’expérience, la réalité ne collait pas au fantasme.

Quand à la promesse de M. Cooper que cela ne durerait qu’une poignée de minutes, elle n’y crut pas une seconde, en général c’était quand même plus long, bien plus long ...
Elle lui jeta un regard par en dessous en songeant qu’il lui avait dit qu’elle allait devenir sa partenaire, réalisant qu’au fonds d’elle-même, elle ne ressentait rien pour lui, et se demanda comment ce serait de faire la scène avec ce quasi inconnu ... et déguisés en bikers qui plus est.
Ca c’était le comble, parce que s’il y avait eu de bons moments dans cette période de sa vie, elle devait aussi admettre qu’il y avait pas mal de souvenirs pénibles en elle qui se rattachaient à la moto, aux gangs, à leur tenue ...

Bref, elle n’était pas vraiment sur que tout ce qui allait suivre l’emballe plus que ça ... mais sortit quand même de son sac à main un petit téléphone portable de couleur rose histoire d'appeler l'amie étudiante qui tenait sa boutique et de la prévenir qu'elle allait être en retard, non rien de bien grave, juste un rendez vous avec ... le banquier.

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