Ricardo Silva

HISTOIRE = Ricardo a vu le jour dans une des cliniques de la ville de Rio. Une naissance dont toute sa famille lui a souvent dit qu’elle avait tout d’un miracle. Chose qui n’est pas difficile à croire puisqu’il reste le dernier né de sa famille. On ne peut pas dire que son enfance fut riche en événements. Mis à part les galas où il devait figurer pour donner l’image d’une famille soudée et qui représentait les valeurs que ses parents tentaient de lui inculquer. Sa timidité naturelle lui permit de faire bonne figure sans prononcer un mot dans ces rencontres dont il avait l’impression qu’elles représentaient les seuls moments où ses parents accordaient l’attention qu’il cherchait. Et pourtant, les tentatives avaient été plus nombreuses. Il n’avait pas été ce que l’on peut appeler un enfant des plus obéissants. Si sa curiosité et sa maladresse lui suffisaient pour agacer son entourage, il poussa le vice jusqu’à ce que l’on le considère comme un jeune homme turbulent.

Cela ne manqua pas d’agacer ses parents, qui trouvèrent la parade. En effet, grâce aux relations de ses parents, il fit la rencontre qui changerait sa vie. Un homme issu de l’immigration se proposa pour le prendre sous son aile. Ainsi, Ricardo passa son adolescence à apprendre des arts martiaux, dérivés du jiujitsu traditionnel. Evidemment, les débuts furent compliqués. Son premier réflexe fut de montrer les quelques prises qu’il apprenait au fur et à mesure de sa formation, à des parents dont il se doutait qu’ils ne prenaient plus le temps de se préoccuper de son sort. Puis au fil des mois, les valeurs qui accompagnaient les techniques qui lui étaient enseignées commencèrent à s’imprégner en lui. Ainsi, il devint moins exigent, moins difficile, plus discret. Cependant, le prix de ce changement d’attitude fut des plus élevés puisque petit à petit, il s’éloignait d’une famille qui n’eut plus que le nom, jusqu’à s’en désolidariser complètement.

Oh, il aurait tout de même fallu un événement marquant pour qu’il décide de s’éloigner de cette famille. Un événement qui plongea les Silva dans la honte et le discrédit. En effet, ce noyau familial fut secoué par une affaire de mœurs. Un scandale qui poursuivit sa famille pendant de longs mois et qui valu à l’adolescent qu’il était alors le rejet de ses pairs. Mais ce ne fut pas là la source du ressentiment que Ricardo finit par nourrir envers sa famille. Les diverses manœuvres dont son père avait usé pour se sortir de cette affaire témoignaient de sa culpabilité. Cependant, il était bien le seul à le penser. Il se retrouva donc entouré d’un père qui avait insulté toutes les valeurs que défendaient sa famille et une famille qui le soutenait malgré tout. C’en était trop pour le jeune homme sans concession qu’il était alors. S’il affichait un soutien de façade, sa discrétion se mua en isolement du moins au sein de cette famille qu’il ne reconnaissait plus. Ainsi au fil des années, la scissure qui s’était formée entre eux devenait un abîme. Seul son sensei grâce à ses conseils avisés s’était dressé entre lui et les idées bien peu avisées qu’il avait nourri dans son énervement. Par respect par son enseignement, Ricardo se contenta de manifester son mécontentement en prenant ses distances dès que l’occasion se présentait. Et assez ironiquement, c’est sa famille qui lui donna l’occasion de prendre son envol.

En effet, alors qu’il eut ses vingt ans, ceux-ci lui proposèrent de voyager pour découvrir le monde et forger son esprit et ainsi revenir avec une vision plus claire de ce qu’il comptait faire lorsque son père prendrait sa retraite. Ainsi, les cinq dernières années de sa vie le virent courir le monde. Il commença par l’Asie, pour assouvir sa curiosité envers cette culture qu’il avait entrevue lors de son adolescence. Puis ce fut l’Europe. Et enfin, les Etats-Unis, et en particulier Los Angeles. Il n’aurait su expliquer pourquoi il avait choisi cette ville. Peut être pour la symbolique, ou alors parce qu’elle était à la fois si proche et si loin de son pays natal. Quoiqu’il en fût, ce qui devait être un bref séjour comme ceux qu’il avait l’habitude d’accorder à d’autres villes se prolongea, au point que cette ville devint un second « chez lui ».

Le symbole de cette installation est cette boîte de nuit qu’il gère désormais. Beaucoup diraient que le choix d’acheter cette bâtisse fut un coup de folie. Et il faut dire que Ricardo investit beaucoup d’argent et d’énergie pour que l’endroit reste le lieu à voir pour toute personne passant dans cette ville. Mais, ce coup d’éclat lui aura permis de couper définitivement le cordon et de voler enfin de ses propres ailes. En espérant qu’il ne finisse pas par perdre ces ailes.