Une famille en or ? [Laureen]

Laureen avait du mal à émergée et à comprendre ce qu’il s’était passé. Les tonneaux qu’elle avait fais dans le meuble l’avait sonné momentanément. Même si elle était blessée, ses douleurs étaient supportables. Du sang s’écoulait le long de la nuque de la jeune femme, coulant sur son épaule droite alors que sa peau de pèche était marquée ici et là de quelques rougeurs. Celles-ci étaient la cause de l’échauffement à vif du meuble. Encore un peu hagard, la jeune femme plongea son regard dans les yeux océan de Tony. Elle était bien dans ses bras et sa tendresse la rassurait.

« Je crois qu’il y a plus de peur que de mal. Tu ne te débarrasseras pas de moi aussi facilement. Pas tant que tu n’auras pas payer ta dette. Ça vaut bien un camion en plus de gardénias ça, non ? On en est à combien maintenant ? A trois ? »

Elle ferma quelques instants les yeux en grimaçant sous la souffrance causée par une légère entaille dans son cuir chevelu.

« Tu m’excuseras auprès de ton père d’avoir détruit la cuisine de son club, s’il te plaît ? Si ça peut éviter qu’il me coupe le doigt, insiste bien sur le fait que j’ai sauvée sa fille d’une mort certaine. »

En bougeant l’épaule, Laureen sentit sa peau se tendre et une faible douleur lui traverser le bras. Elle regarda la marque de dent de Celia, se souvenant soudain que durant l’explosion, la blonde écervelée qui servait de sœur à Tony l’avait mordue sous le coup de l’émotion. Laureen poussa un petit rire entre la grimace et le grognement.

« Ta sœur ma mordue. » Laureen avait un petit air las sur son visage, comme si elle était défoncée au crack. « Mais elle est cool. »

Elle enlaça ses bras autour du cou de Tony et en même temps que lui, elle se redressa en grommelant. Quelques hommes de mains entrèrent dans la cuisine, rejoignant armes aux poings Tony. L’un d’entre eux passa un flingue au mafioso tandis que deux autres se penchèrent vers une Celia qui bredouillait qu’elle voulait aller à Disneyland. Une petite explosion, sorte de crépitement, dans le fond de la cuisine fit sursauté Laureen. L’un des hommes de Tony dit :

« Il vaudrait mieux ne pas rester ici patron. »

Assise les jambes sous son postérieur, Laureen regardait silencieusement tout ce qui l’entourait. A côté du sofa sur lequel elle se trouvait avec Ciara, un homme armé comme Rambo montait la garde comme si elles avaient été le plus précieux des trésors. La luxueuse boite de nuit de Tony était complètement détruite. Laureen avait énormément de mal à croire ce qu’il s’était passé. Beaucoup d’innocents avaient perdu la vie ce soir mais personnes autour d’elle ne semblait trouver cela triste. Elle se demanda quand la police allait arriver et ce qu’elle devrait leur dire. Elle n’avait pas envie de compromettre Tony par son témoignage, mais elle ne voulait pas non plus mentir. Des innocents étaient morts et ils méritaient que justice soit rendues. Les jeunes filles du sas que Laureen avait vue se faire abattre sous ses yeux passaient à travers son esprit. Laureen secoua la tête afin de chasser ces images.

Tout en jetant un coup d’œil à Ciara dont elle caressa l’un des genoux, la fleuriste dit :

« Je ne manquerais pas de te rappeler ta dette le moment venu… lorsque par exemple j’aurais besoin que tu prêches pour ma paroisse devant ton frère. »

Elle sourit doucement, puis durant quelques minutes, les deux demoiselles s’examinèrent minutieusement. Laureen soupira à la manière des Lorenzetti devant son état pitoyable. Sa robe était complètement foutue. Elle était déchirée si fort au niveau de l’échancrure qu’elle lui remontait presque au niveau de la hanche, dévoilant quelques fois la ficelle de son léger string rouge. Heureusement, comme le tissu était encore imprégné d’eau, il plaquait contre sa peau et il évitait de trop exhiber sa cuisse. Laureen était entrain de rassurer Ciara sur une petite brûlure qu’elle avait sur l’épaule lorsque Tony s’interposa entre elles lourdement, les séparant et les coupant dans leur discussion.

« Toi mon médecin ? » La jeune femme afficha un air septique. « Ai-je donc si peu de valeur à tes yeux que tu ne veuilles même pas débourser un centime pour me payer un vrai docteur ? »

Laureen haussa discrètement les épaules.

« J’imagine que je n’ai pas le choix ? Alors fais ton office bourreau. Au moins, t'es sexy, c'est déjà ça de gagner. Si jamais je ne survis pas à tes soins, j’ai été très heureuse de te connaître et de tomber amoureuse de toi. Toi aussi Ciara, j'étais contente de faire ta connaissance. »

La jeune femme embrassa Tony sur les lèvres, puis elle rassembla ses cheveux du côté droit de ses épaules. Elle se pencha un peu en avant, montrant le haut de son crâne. Lors des roulades dans le meuble, Laureen s’était cogner le dessus du crâne contre l’une des visses intérieurs et celle-lui lui avait entaillée la chaire. Ce n’était pas bien grave mais avec les cheveux mouillés, le sang s’écoulait plus facilement et il donnait un côté plus spectaculaire à la blessure.

Alors que Tony se prépara à la soigner, Laureen demanda d’une petite voix.

« La police et les ambulances vont arrivées pour les blessés les plus graves ? »

Une boule de rancœur s’était formée dans l’estomac de Laureen lorsqu’elle apprit que toute cette histoire allait être mise sur le dos d’un braquage. Ce n’était pas la vérité et pourtant, Tony semblait ne pas éprouver le moindre remords à bafouer les droits des innocents mots aujourd’hui. Laureen avait du mal à ne pas exploser de rage. Si elle se contenait, c’était parce que Marco se trouvait à quelques pas d’elle et qu’il lui faisait peur. Comment Tony pouvait-il accepter ça ? Croyait-il sincèrement qu’elle serait d’accord pour faire comme si de rien n’était ? Après tout tant pis ! Qu’ils aillent tous en prison ces sales pourritures ! Il était des hors la loi. Ils ne méritaient que ça !

Brusquement, la jeune femme dégagea ses jambes d’en dessous de son postérieur pour s’asseoir correctement. Elle entrecroisa les jambes, appuya son dos dans le fond du sofa, puis la mine fermée, Laureen croisa les bras et ce fut sans même adresser un regard à Tony qu’elle lui dit d’une voix très calme et posée, mais qui ne laissa pourtant planer aucun doute sur la colère qui se cachait en elle :

« Je trouve ça injuste et écœurant monsieur Lorenzetti. Tu sais que vous mériteriez d’aller en prison n’est-ce pas ? » Elle tourna la tête vers lui et planta son regard inquisiteur dans son regard bleu océan. « Dis-moi que tu sais que ce que vous faites est mal. Il y a des gens qui sont mort ce soir, Tony. Si j’avais fais partie des victimes, aurais-tu laissé ma famille penser que leur fille unique a été tuer par une petite bande de dégénérer alors qu’en réalité tout ce qui est arrivé est uniquement de votre faute ? »

Laureen grogna discrètement. Elle tentait de paraître détendue mais elle ne l’était pas. Son regard passait en revue les hommes de Tony, puis Marco en compagnie de sa fille et de sa femme. Ensuite, Laureen regarda trois hommes de mains occupés à recharger leurs armes, tandis que deux barmans tendaient de remettre un peu d’ordre.

« La vie des autres ne comptes-t-elle pas à vos yeux ? » Son regard se gorgea de larmes qu’elle refusa par fierté de laisser s’écouler. « Tout ça ne te fait rien ? T’es donc devenu si insensible avec le temps ? Je sais que tu as grandis dans cet univers et que pour toi dégommer qui t’emmerde est quelque chose de banal. Je sais que cela ne changera pas. Et je sais aussi que tu as du sang sur les mains. T’en blâmer ne changerait pas les choses. Je veux juste t’entendre dire que tu sais que ce n’est pas bien. Juste ça, Tony. Car je ne pourrais pas continuer à aimer un homme qui pense que ses actes sont justifiables. »

Elle lui lança un regard noir et termina en chuchotant :

« Qu’est-ce qui m’empêche de me lever et d’aller de ce pas appeler la police ? »

Toujours assise, Laureen était silencieuse. Elle avait les larmes aux yeux en regardant Tony boire au bar. Les mots qu’il lui avait dis lui faisait mal mais ils étaient justes. Dans un sens, elle pouvait les comprendre. Elle pouvait comprendre qu’il veuille se détacher de tout ceci. S’il ne le faisait pas, il perdrait sans doute la raison. Tony avait trouvé un bon moyen de se préserver en quelque sorte. D’un côté Laureen était heureuse qu’il ne soit pas totalement insensible à tout ceci et que la mort d’innocents ne lui était pas égale. Mais de l’autre, savoir qu’au fond, que derrière toute cette assurance et cette carrure d’homme fort, Tony souffrait, ça la rendait malade.

Laureen lui en voulait tellement à cet instant de ne pas avoir une vie comme tous les autres hommes. Elle savait qu’elle ne pouvait pas effacer le passer de Tony, ni même l’arracher aux griffes de la mafia. Elle devrait composer avec si elle voulait continuer à faire partie de sa vie. Soit elle arrivait à dépasser cela, soit elle le quittait. La balle était dans son camp. L’aimait-elle suffisamment pour accepter de porter son fardeau ?

D’un revers de main, Laureen essuya ses yeux puis dans un doux soupir elle se leva. Elle traversa les gravas et sous le regard de quelques hommes qui lorgnait sa cuisse dénudée, elle rejoignit le beau blond. Elle plaça sa main par-dessus le verre qu’il s’apprêtait à boire et affronta sa petite grimace. Doucement elle lui dit :

« J’ai sommeil Tony. J’aimerais rentrée chez moi. Tu peux demander à quelqu’un de me raccompagner ? »

Sa main vint lui caresser la joue, ses ongles glissant doucement contre les picots de sa barbe.

« Tu dois avoir plein de chose à régler ici… alors règles-les et puis rejoins-moi si tu veux. Je donnerais la clé à ton homme. »

Très doucement et son regard plongé dans le sien, Laureen s’approcha, collant son corps au sien. Elle se blottit contre son torse, le serrant quelques instants dans ses bras. Délicatement, elle vint ensuite l’embrasser avec une tendresse infinie, se foutant royalement du goût légèrement désagréable de l’alcool qu’il avait sur les lèvres. Tout ce qu’elle désirait, c’était être proche de lui. Malgré sa peine, elle ne pouvait se résoudre à s’éloigner de sa flamme à la quelle elle se brûlait parfois. Son amour pour Tony était certes naissant, mais il était déjà trop fort pour être étouffer. Durant quelques secondes, Laureen voulu lui dire qu’elle l’aimait mais les mots ne sortirent pas. Le lieu était trop indécent à son goût.

« Je n'ose pas aller dire au revoir toute seule à ton père, et je me vois mal m'en aller comme ça... comme une voleuse. »

Les clés de Tony en main, Laureen jeta un dernier regard froid à Marco avant de s’éloigner avec son amoureux. Si elle n’avait pas été si lâche sur l’instant et si elle ne craignait pas pour sa vie, elle lui aurait dis en face ce qu’elle pensait de lui et du verre qu’il voulait boire en leur compagnie. Alors qu’il y avait eue une fusillade, ce type continuait de prendre tout cela à la rigolade. Elle avait du mal à croire qu’un monstre pareil puisse être le père de l’homme dont elle était amoureuse. Heureusement, Ciara écarta le parrain et Tony et Laureen purent s’éloigner.

« Si ma mémoire est exacte, tu possèdes un appartement cinq fois plus grand que le mien, Tony. Il y a la place pour héberger ta sœur. De plus, en tant que chauffeur, et surtout, en tant que seule personne n’étant pas ivre au point de rouler sous la table, je dis que ta sœur nous accompagne. C’est ta sœur après tout. Tu peux bien faire un effort. »

Laureen offrit un petit sourire au beau mafioso avant de l’embrasser brièvement. Tout en le tenant et accompagnée d’une Ciara victorieuse à souhait, la jeune fleuriste rejoignit le parking sous bonne escorte. Elle attendit qu’un employé ramène la luxueuse voiture de sport italienne de Tony, puis après avoir tous embarqué, elle démarra sur les chapeaux de roue. La tenue de route de cet engin puissant était grisante. Laureen sentait la puissance du moteur à chacune de ses accélérations. La jeune femme aurait bien aimée appuyer sur le champignon mais ce n’était pas le moment de se faire arrêter par la police. Elle se contenta alors de rouler plus ou moins calmement le long du boulevard de la plage en direction des beaux quartiers.

Pendant le trajet, Laureen discutait avec Ciara qui était assise derrière. La jeune italienne avait passée la tête entre les sièges et ne cessait de raconter des histoires qui faisaient souffler d’ennuis le beau blond. Laureen prenait beaucoup de plaisir à parler avec la sœur de son ami. Elle était pétillante, énergique et malgré son petit air d’écervelée, elle semblait animée d’un raisonnement plutôt bon… quoiqu’un peu étrange pas fois, mais dans l’ensemble, Laureen lui trouva de l’intérêt.

Il fallu une petite demi-heure à la luxueuse voiture pour atteindre le bas de l’immeuble en bord de côte. Laureen coupa le moteur, défit sa ceinture, puis elle se tourna vers Tony. Elle lui caressa la joue pour le réveiller un peu. Elle dit :

« Nous sommes arrivés chéri. »

La fleuriste était soulagée d’être enfin loin de tout le grabuge de la boite de nuit. Laureen embrassa sur la joue le beau blond, puis elle sortit du véhicule, laissant Ciara s’extirper à son tour derrière le siège qui se rabattait. La nuit était fraîche. Il devait être un peu plus de trois heures et demi du matin maintenant.

« Je me damnerais pour une douche bien chaude ! »

Pendant que Ciara s’occupait de Tony, Laureen prit possession de la salle de bain. Elle se dévêtit totalement et entra sous la douche. Elle laissa l’eau chaude laver sa peau des traces de l’explosion, du sang et de son maquillage. La jeune femme se détendait enfin. L’eau chaude et savonnée coulait sur son corps, la purifiant de cette maudite soirée où le sang des innocents avait coulé. Laureen resta plus d’une demi-heure sous le jet d’eau, tentant d’oublier les images des femmes abattues dans le sas.

Lorsqu’elle sortie enfin de la douche, elle s’enroula dans la serviette chaude que Ciara avait préparée pour elle. Face au miroir, la jolie brune se soigna minutieusement à l’aide d’une trousse médicale qu’elle trouva dans l’un des tiroirs sous l’évier. Elle appliqua de la pommade sur ses quelques brûlures, puis prit le temps de sécher ses cheveux et de les démêler. Une fois ses ablutions et ses soins terminés, Laureen posa ses vêtements sur le haut du panier à linge salle avant de sortir dans le couloir. L’appartement était calme. Elle n’entendait que faiblement Ciara chantonner en italien sous la douche d’une autre salle de bain située à l’autre bout de l’appartement.

D’un pas aérien, Laureen rejoignit la chambre de Tony. Elle ferma les lumières dans le couloir, puis referma la porte derrière elle. Le beau blond était assoupit. Un léger ronflement provenait de sa bouche entrouverte brisait le silence. Laureen afficha un petit sourire mi-amusé, mi-attendrie devant ce spectacle. Le beau mafioso était éclairé par quelques rayons de la lune. Dans la pénombre Laureen ouvrit la penderie de Tony, puis elle laissa tombée à ses pieds sa serviette de bain, se retrouvant quelque instante nue. Elle fouilla les vêtements de son petit copain, puis finalement elle trouva une chemise qui lui plaisait assez. Elle n’en avait aucune idée mais celle-ci valait une vraie petite fortune. Laureen l’enfila puis rejoignit le lit, se glissant sous la couette.

La jeune femme se rapprocha de Tony, se blottissant contre lui. Elle lui embrassa l’épaule et ferma les yeux. Il y avait mieux comme première nuit ensemble, mais c’était déjà mieux que rien. La simple présence du beau blond suffisait à la rendre sereine. Tony avait raison ; savoir que les êtres qu’on aimait était sein et sauf suffisait à bien dormir. Laureen ferma les yeux et sombra dans le sommeil rapidement, bercée par la respiration calme du mafioso et par son léger ronflement.

Durant toute la nuit, Laureen fut sur un petit nuage. Elle avait la présence de l’homme qu’elle aimait contre son corps et en plus, son odeur imprégnait les draps et lui chatouillait les narines. Jamais la jeune femme n’avait dormie aussi bien. Elle aurait tant voulue que cette douce quiétude dure éternellement, mais hélas, c’était sans compter le côté gamin énergique et emmerdeur de Tony. Ce dernier provoqua Ciara et celle-ci répondit d’un assaut si bruyant que Laureen fut arrachée à ses rêves brusquement. La jeune femme brune s’enfonça sous la couette, laissant le frère et la sœur se chamailler. Le lit bougeait dans tous les sens à cause de la petite blonde qui sautait dessus en tendant de frapper de son coussin et de sa serpillière un Tony surexcité. Les cris fusaient.

Maintenant habituée à ce genre d’excentricité, Laureen savait qu’il ne servait à rien de s’énerver. Tout ce qu’elle pouvait faire, c’était prendre son mal en patience et surtout restée planquer sous la couette. Plusieurs fois, Ciara lui marcha dessus, ce qui obligea Laureen à se recroqueviller sur elle-même en grommelant un « j’vais te la faire bouffer ta serpillière la blondasse si tu me marches encore une fois dessus. »

Avec bruit et fracas, le frère et la sœur sortirent de la chambre pour se courir après à travers l’appartement. Laureen poussa un long soupir en surgissant de sous la couette. Elle en profita pour s’étirer, se laissant caresser par les rayons chauds du soleil. Quelques minutes plus tard, Tony revint vers elle, s’allongeant à ses côtés. A sa réflexion sur la chemise qu’elle portait, Laureen s’assit en tailleur et regarda la marque. Elle siffla. Effectivement, c’était du grand luxe. Elle bredouilla légèrement confuse à l’idée d’avoir portée une chemise aussi cher pour simplement dormir :

« Dans le noir, j’ai pris la première chemise qui me soit passée sous la main. »

Comme une féline, elle vint à quatre pattes chevaucher son amoureux pour se pencher vers lui et l’embrasser tendrement en guise de bonjour. Les mains sur son torse et ses cheveux lui caressant le visage, elle demanda :

« Tu me la donnes ? On dort trop bien dedans. A moins que ce ne soit ta présence qui me fasse ce genre d’effet. »

Laureen laissa vagabonder ses mains sur le torse de son beau mafioso, l’embrassant avec tendresse durant de longues secondes. Elle savourait pleinement être seule en sa compagnie. Même si elle entendait Ciara tambouriner à la fenêtre et hurler des insanités, Laureen feignit ne pas le remarquer. Elle continua pendant quelques secondes de se régaler de lui lorsqu’un bruit plus puissant provenant de la terrasse lui fit relever la tête. Laureen sourit, amusée. Ciara s’acharnait sur la porte apparemment. Toujours assise sur Tony, la jeune femme s’écria après avoir entendue Ciara hurler son prénom :

« Quoi ? Quoi ? Je ne t’entends pas ! Qu’est-ce que tu dis ? Ah oui ! Il faut très beau ! Tu as raison, reste dehors ! Hein ? Oui ! Ok, je m’occupe de ton frère ! Ne t’inquiète pas ! Il est entre de très bonnes mains… »

Elle lui lança un regard félin.

« Ou plutôt entre de très bonnes cuisses. » ajouta-t-elle en le serra davantage.

Laureen se tortilla avec un petit air coquin affiché sur le visage.

« Ta sœur est trop charmante. »

C’était très agréable de sentir Tony affectueux envers elle. Alors que durant quelques semaines, il n’avait été qu’énervant et agaçant, et que les marques d’affections ne tombaient qu’aux comptes gouttes, aujourd’hui en ce début d’après-midi, il était comme elle avait toujours voulu qu’il soit ; adorable. Le fait qu’il l’embrasse enfin de lui-même, qu’elle n’ait plus recherché les baisers, sonnait comme une victoire pour Laureen. Ils avaient franchit un cap tous les deux. La jeune femme pouvait enfin sentir qu’il formait un couple.

Avec une mine amusée affichée sur le visage, Laureen se laissa revêtir, riant légèrement de ses mimiques. Elle bomba un peu le torse et pencha la tête en arrière comme un mannequin international devant l’objectif d’un photographe de renom. La jeune femme captura les lèvres de Tony à son tour tout en nouant ses bras autour de son cou. Elle ne désirait pas que cet instant de complicité prenne fin. Tant pis pour Ciara. Elle n’avait qu’a patientée encore un peu dehors.

Le front appuyé contre celui de Tony, Laureen demanda suite à la proposition de sonbeau mafioso :

« Est-ce une invitation à rester squatter plus longtemps par ici ? »

Elle l’embrassa furtivement avant d’écarter son visage et de le regarder d’un petit air espiègle, ses doigts jouant avec l’un des boutons de la chemise de Tony.

« Méfies-toi, je pourrais l’accepter et m’éterniser. N’ayant plus de travail, je n’ai pour l’instant rien d’autre à faire de mes journées que de me prélasser au soleil sur ta magnifique terrasse. En plus, ce sujet d’étude me passionne : est-ce que je dors mieux grâce à cette magnifique chemise ou grâce à la présence d’un beau blond à mes côtés ? Le mystère reste entier. Mais je compte bien l’élucider ! »

Etant donné que son patron était mort à cause des Russes, Laureen était au chômage technique en quelque sorte. Tant que l’enquête ne serait pas bouclée par la police, elle ne pourrait pas retourner travailler. D’ailleurs, elle n’était pas certaine que le seul neveu de son défunt patron garde la boutique. Il y avait de très forte chance qu’il la vende, ainsi que le laboratoire de recherches et les serres de ce dernier.

Tout en se dandinant un peu, Laureen ajouta :

« Par contre, si je reste un peu ici, il faudra que j’aille chercher Zoé. Elle n’aime pas rester toute seule. En plus, tu lui manques beaucoup. »

Laureen s’apprêta à l’embrasser de nouveau lorsqu’elle entendit un nouveau bruit puissant provenant des portes fenêtres. Elle s’arrêta dans son élan et dit :

« Elle va finir par casser la vitre. Qu’elle idée tu as eue de l’inviter chez toi. La prochaine fois, offres-lui une chambre au Plazza. »

Laureen était sur son petit nuage et pour rien au monde elle ne désirait en redescendre. Pour la première fois depuis leur rencontre, Tony agissait avec elle comme si elle avait toujours été sienne. Durant un temps très appréciable mais hélas trop court, les deux tourtereaux se cajolèrent, se donnant mutuellement du plaisir. Laureen poussait de petits gémissements en sentant les lèvres de son amoureux lui choyer la gorge, alors que ses mains lui flattaient le creux des reins. Elle aimait être sienne. Elle aimait être l’objet de toutes les attentions câlines du beau blond.

Très tendrement, les lèvres de Laureen vinrent s’emparer de celles du mafioso. A cet instant, plus rien d’autre ne comptait que Tony. Elle n’entendait plus les cris de Ciara et ne fit pas plus attention au moteur vrombissant d’un bolide dans la rue. Non, son attention était focalisée sur Tony et rien que sur lui.

Alors que ses mains entreprirent de déboutonner les premiers boutons de la chemise de son compagnon, Laureen murmura en dandinant son corps d’une manière très aguicheuse contre lui :

« Tu n’as pas idée de l’étendue des pouvoirs de mes arguments physique, Tony. »

Durant quelques secondes, ils se câlinèrent encore l’un l’autre jusqu’à ce que tout ce joli bonheur vol en éclat. Marco Lorenzetti s’imposa à eux. Dans un petit couinement strident, Laureen écarquilla les yeux. Elle roula rapidement sur le côté, honteuse d’avoir été entraperçue à moitié nue et à califourchon sur le fils de l’indésirable parrain. Elle s’enroula dans un drap de lit, jetant un regard farouche au vieil homme. Même si elle craignait ses réactions depuis la maudite soirée d’hier soir, lorsqu’elle était en rogne ou mécontente, Laureen le faisait sauvent savoir et ce d’abord par le regard.

Dans un vacarme assourdissant, Ciara déboula dans la chambre à son tour. Laureen secoua la tête, grimaçant en réalisant qu’elle avait bel et bien brisée la baie vitrée. Elle n’en revenait pas. Dans quelle famille était-elle tombée ? Elle ne fut hélas pas au bout de ses peines. Lorsque Marco apparu avec la caisse d’arme, un frisson d’angoisse s’empara de son échine et Laureen se leva sur le lit pour reculer d’un pas. Ok, détruire la bagnole de Tony ça pouvait passer… la baie vitrée également… mais tous les faire sauter, il n’en était pas question ! Laureen allait bondir de rage mais elle fut devancée par Tony. Le beau blond les flanqua à la porte, puis il revint vers elle.

Toujours debout et enroulée dans le drap de lit à la romaine, Laureen fixa son amoureux d’un regard courroucé. Elle savait que ce n’était pas de sa faute mais en bonne râleuse, elle devait extérioriser sur quelqu’un sa colère de l’instant. Elle lança alors sèchement :

« Y en pas un pour rattraper l’autre chez les Lorenzetti ! Vous avez quoi dans la cervelle dans cette famille ? C’est génétique votre bêtise c’est ça ? Le père, la sœur, le fils… je n’ose même pas m’imaginer ta mère ! »

Laureen ramassa un cousin et avec celui-ci elle frappa Tony sur la tête avant de bondir sur le sol. Elle fit tomber derrière elle le drap de lit et rejoignit la commode sur laquelle elle avait déposée ses affaires. Laureen prit soin de bien éviter d’approcher la caisse d’armes, comme s’il s’agissait d’une relique radioactive.

« Je ne savais pas que ton appartement servait de planque à bazooka ! »

Elle enfila en un bond son string, afin de ne pas avoir l’entrecuisse à l’air. Avec sa guigne, un coup de vent et elle s’exhiberait d’avantage devant son taré de futur beau-père.

« Ce sera quoi la prochaine fois ? Un semi-remorque de cocaïne ? Des lingots d’or ? Des putes ? »

Laureen inspira profondément afin de se calmer un peu. Après tout, ce n’était pas de la faute de Tony tout ça. Elle le voyait. Il semblait aussi désemparé qu’elle devant l’absurdité de la situation. Laureen se rapprocha de lui finalement et s’assit au bord du lit. Elle rassembla ses cheveux sur le côté gauche des épaules puis elle demanda :

« J’imagine que ça ne se jette pas facilement dans les cabinets, n’est-ce pas ? Tony, si vous avez prévu ton père et toi d'organiser une braderie mafieuse ce week-end, je pense finalement que je vais décliner ton invitation. Mon sujet d'étude attendra. »

Etait-il vraiment sérieux ? Pensait-il réellement qu’elle allait accepter d’aller en « balade » avec eux et les aider à faire exploser une boutique ? Jusqu’à preuve du contraire, elle n’était pas comme eux. Ce n’était pas parce qu’elle avait fais exploser la cuisine de la boite de nuit de Tony qu’elle voulait passer à l’étape supérieure et commettre un meurtre de sang froid. Tout ce qu’elle avait fait par le passé, c’était sauver sa peau. Il manquait réellement une case à Marco Lorenzetti. La jeune femme se mordit l’intérieur de la joue pour ne pas bondir de rage. Elle ne cessait de se dire : « Ne t’emporte pas. Tu as besoin de tes dix doigts pour créer de jolis bouquets de fleurs. Ne t’emporte pas. Ça ne serre a rien… » Pourtant ce n’était pas l’envie qui lui manquait.

Dans un élan sec, elle se leva et alla vers la porte. Elle resta quelques secondes face au père de Tony, le regardant d’un air sévère, le jaugeant un instant et lui faisant bien comprendre qu’il n’avait pas intérêt à les déranger où elle n’hésiterait pas à être moins aimable. Elle lui claqua finalement la porte au nez, restant Tony, la caisse d’armes et elle seuls dans la chambre. Laureen s’adossa contre le bois précieux de l’entrée et elle soupira à son tour, les bras croisés et la tête penchée sur le côté :

« Tu ne peux imaginer combien j’aimerais que tu ne sois pas de la famille de cet homme. Hélas, c’est impossible. C’est ton père, il t’a donné la vie, il a veillé sur toi et il ta nourrit. Il faudra faire avec. Le mien n’est pas un tendre non plus. Cependant, je pense qu’il faudrait mettre les points sur les I une bonne fois pour toute entre vous. Vous devriez vous mettre d’accord sur certain point important, comme par exemple où commence ta vie privée et où commencent vos affaires de petites merdes ambulantes. Ton père n'a pas à venir ici armé comme Rambo ! »

Laureen se décrocha de la porte et vint rejoindre Tony, s’asseyant à côté de lui. Elle déposa une main sur son torse afin d’avoir un contact avec son corps. Son regard se plongeant dans les yeux bleus de son amoureux. Non, il n’était pas question de renoncer à lui, et pourtant saurait été plus raisonnable.

« Je ne veux pas être mêlées à vos petites magouilles. Je ne veux même pas en entendre parler. Lorsque je suis avec toi, c’est avec l’homme que je veux être. Pas avec le mafioso. Si vous devez aller faire péter je ne sais quelle boutique pour vous venger de ce qu’il s’est passé hier soir, alors allez-y. Je n’ai pas la prétention de comprendre vos motivations. Va pourrir ton âme encore un peu plus. Mais je ne veux pas le savoir. Je ne veux même pas qu’on me propose de participer à ce genre de « balade », Tony. Tes hommes de mains, tout ce qui à un rapport de près ou de loin avec tes activités illégales… tout ça… tout ça ne doit pas s’interposer entre nous. »

Elle le regarda très tendrement et sourit d’une manière assez douce et taquine à la fois.

« Si tu me protége, je peux me charger de gueuler sur ton père. Tu sais que je suis très forte à ce jeu là. J’ai toujours aimée jouer à la cheftaine. »

Alors que la voix portante de Tony résonnait en italien à travers tout l’appartement, montrant bien combien il l’avait mauvaise, Laureen se redressa assise sur le lit. Elle secoua la tête avec lassitude. Comment Ciara pouvait-elle lui sortir pareille ineptie ? Non, Tony n’avait pas tort de se dresser contre son père. Il n’avait pas tort de dire stop à tout ceci. Le beau blond était chez lui ici et Laureen estimait qu’ici, ce genre de petite magouille crapuleuse n’avait pas lieu d’être… du moins lorsqu’elle était dans les parages. La jeune femme soupira lourdement, le regard renfrogné posé sur la sœur de son petit ami. Elle dit d’un ton sec :

« Je ne pense pas que ton frère ait tort de remonter les bretelles à ton père de temps en temps. C’est même une bonne chose de lui imposer certaines limites. Il est grand temps que ton frère s’oppose à lui. Je ne sais pas comment tu peux trouver normale une attitude pareille ? Il débarque chez son fils armé jusqu’aux dents et il s’attend à ce que Tony saute de joie ? Excuses-moi d’être si franche, mais vous êtes complètement à la masse les Lorenzetti. Vous vous croyez dans un Scarface ? Faut arrêter votre délire hein. »

Laureen sauta hors du lit, tirant un peu sur la chemise du beau blond pour ne dévoiler aucune partie compromettante de son anatomie. Elle rejoignit les rideaux et les ouvrit en grand, laissant entrer la lumière du soleil dans la chambre. Elle ajouta, alors que Tony et son père se chamaillaient toujours :

« Je suis amoureuse de ton frère et j’accepte pas mal de chose jusqu’à présent. Je ne sais pas comment ton père et toi vous voyez notre relation, mais je ne vais pas dégager le plancher de si tôt. Vous espériez peut-être qu’il sorte avec une fille de la pègre ou je ne sais quoi, mais non. Je suis peut-être qu’une petite fleuriste, mais je peux très bien mordre et griffer si on m’y oblige. » Elle regarda sans ciller la petite blonde. « Alors si tu tiens un minimum à ton frère, t’ira dire à ton père miss-favorite-à-son-papa d’éviter de se mettre entre son fils et moi. »

Laureen fut coupée dans son élan par Tony qui tentait d’entrer dans la chambre. Ok, elle avait été un peu dure dans ses propos envers Ciara, mais en tant que femme amoureuse, Laureen était prête à tout pour défendre ce qu’elle estimait être sien… ou du moins en partie. Lorsque Tony lui demanda ce qu’ils allaient faire cet après midi, la jolie brune alla s’asseoir sur le bord du lit, puis elle répondit :

« Et bien déjà, il faudrait que je puisse passer chez moi pour m’habiller. Ma robe de cocktail est en lambeau à cause de tes amis Russe. Ensuite, ma mémoire est exacte, c’est cet après midi qu’est organisé le festival d’art de rue ; les ballons rouges. J’y vais chaque année depuis que je suis petite. » Elle ne put réprimer un petit mouvement d’épaules minaudant et une moue taquine. « Tu pourras m’offrir une pomme d’amour comme ça. »